En juin dernier, en pleine session d'examen, j'ai reçu un email qui m'a
plus minus bousculé la vie.
Ce n'est pas un drame, ne vous inquiétez pas. Le
mail était plutôt une invitation à débuter des études de Master en Relations
Internationales en France. A partir de septembre. A Paris. Pour deux ans.
Hmm.
Je désiste à vous raconter les longs débats inter-et intra personnels,
les nombreuses listes de pros-et contra et les appels de conseils aux dieux
grecs et latins.
Je pense que je ne dois pas spécifier que j’ai effectivement
quitté la Belgique. Mais je peux vous dire que aujourd’hui je fête mon premier
mois officiel dans la ville Lumière.
Suis-je déjà Parisienne? Loin de la. Quand je me retrouve en zone
touristique entourée d’espagnols et allemands aux combo white-socks & sandales
et achats récents Louis Vuitton, il m’arrive de me la jouer un peu genre « j’habite
ici depuis des annéééés. ». Mais il suffit que je demande une carafe d’eau au
restau ou "une baguette s’il vous-plait » à la boulangerie du coin, que aussitôt
je suis démasqué avec un : « C’est quoi cet accent ? ». Je suppose que je m’en
débarasserais jamais et que je serais toujours une Belgo-flamo-Mexicaine de
Bruxelles. Bruxelles avec le X bien prononcé, bien entendu.
Il y a donc un mois, j'ai mis les pieds sur la "terra incognita" de
Paris, mon Nouveau Monde qui, bien que à peine à 300 bornes de BruXelles, sera
du tout semblable à mon vieux habitat. Evidemment j'ai eu vent des mythes et
stéréotypes parisiens. Ils sont chiants, impatients, impolis. Tous des bobos
pseudo-intellectuels. Tu vas être fauché rien qu'en faisant du
lêche-vitrine. Ou encore : Tous les français sont hyper beaux, tu
vas voir.
Les semaines précédant le jour J, j'étais inquiète, oui,
mais, je possédais encore le luxe de reporter mes soucis à demain et me
distraire. Je suis à faveur de vivre la vie façon Carpe Diem, mais reporter à
demain est parfois un vrai plaisir n’est-ce pas ? Un péché mignon, à consommer
avec modération of course. A mon arrivée, accompagnée de la Madre et de Querido,
Paris semblait être un très agréable city-trip, une prolongation des
vacances.
Ce n'est que lorsque Querido est repartie vers la patrie Belge,
que j'ai été secoué brusquement par la réalisation que j’avais à écrire un tout
nouveau chapitre dans ma vie. Ce jour la j’ai pleuré pleuré pleuré.
Mais puis j'ai du, et j’ai pu un peu, me débrouiller. Les cours ont
repris trés tôt, et l’école m’a distraite.
Entre la liste des
livres à lire, les biblis surpeuplés, les salles d'informatique sponsorisées par
Apple, des cours enfin spécifiques et intéressants, une population d’étudiants
si diversifié qu’un élève sur deux est d’origine étrangère, et le fait
d'entendre à tout moment au moins 3 langues différentes autour de toi, j’avais
beaucoup de nouveaux stimulus à découvrir. Mon QG n'est du coup
plus ma fac à Gand, mais est désormais le 7ieme arrondissement, St-Germain des
prés. La vie sociale ici marche du tonnère. Il y a tellement d'étrangers, et
de français qui sont activement à la recherche de nouvelles rencontres, l'un(e)
plus spontané(e) que l'autre. Cela se voit et se ressent. Bien que l’on peut
interpreter ceci parfois par un but ultérieur de « networking » , ce qui est
encouragé à cette école. Quoi qu’il en soit, c’est quelque chose qui m’a manqué
durant mes études en Belgique, et grâce a ces rencontres toutes récentes, et des
propositions soudaines, depuis 3 semaines, je ne sais jamais comment mes
journées vont terminer. Et ce sentiment-la je le savoure.
Comme à BruXelles, la semaine dernière il a fait beau. Très beau.
Sur-beau. Il fallait que je sorte. Gouter les derniers jours ensoleilés, les
fins de soirées en t-shirt, les verres de vins autour du Canal St-Martin.
Ce
weekend je me suis mise à flâner, seule et accompagnée, dans les rues, les
metros, les quartiers, les détails, les grands-plans. A nouveau, je désisterais
à écrire le millième guide touristique de cette ville avec des descriptions
contenant trop d’adjectifs pompeux. Mais oui, le Sacré Cœur la nuit c’est à
couper le souffle, Les détails Art Nouveau sont à chaque coin de rue, la vieille
architecture se marie harmonieusement avec la nouvelle, L’ile St-Louis est
romantique comme tout.
C’est dans les détails que je réalise que je suis à la ville sublime
de Paris.
Les détails comme le choix entre un café long ou un
café court. Mon plan metro qui ne compte plus 3
lignes basiques mais 14. Le chiffre 70 qui n’est plus septante mais
soixante-dix. Le Birkin qui n'est plus une exclusivité Zoute-oise ou Av.
Louise-oise mais qui est ici un basic. La fin des bières, et le
début du vin.Le fait de payer mes factures en chèques. (ce sui est
complètement archaïque non ?)
Et mon détail parisien préféré du
mois : le mobilier typique de la brasserie Parisienne : les toutes petites
tables rondes en marbre accompagnées de chaîses tréssés en plastique rouge
vif. Paris m’est encore inconnu. Même après un mois, je ne réalise pas que je
suis la pour un bon bout de temps. Inconsciemment, cela a l’air d’un séjour de
vacances prolongé, ou un nouvel erasmus qui expire en décembre. Mais j’attends
avec impatience le jour ou enfin je considèrerais de manière très naturelle,
spontanée, que Paris est devenu mon « chez moi ».
Hasta la
Proxima.